Mère et fils marchant sur la passerelle au parc de la Chute-Montmorency en été, à Québec

Retour sur l’impact des fermetures des frontières internationales sur le tourisme au Canada

Direction de l’intelligence économique

Qui sont les gagnants et les perdants de la fermeture des frontières internationales liées à la COVID-19? Comment le Canada a-t-il tiré son épingle du jeu? Faisons le tour de la question.

Historiquement, les Canadiens dépensaient davantage à l’étranger que les étrangers ne dépensaient au Canada. Jusqu’à la COVID-19, pour chaque dollar que les étrangers laissaient au Canada, les Canadiens en laissaient deux à l’étranger.

Dans ce contexte, la fermeture des frontières internationales a-t-elle pu limiter, voire renverser cette tendance? Se pourrait-il qu’il en résulte un enrichissement net pour l’économie canadienne?

Chiffres à l’appui, la réponse à ces deux questions est oui.

Graphique illustrant entre autres la baisse de 64 % des dépenses des Canadiens à l'étranger entre 2019 et 2020.
Version textuelle
Voyages à titre personnel au Canada entre 2016 et 2020
en milliards de dollars 2016 2017 2018 2019 2020
Dépenses des étrangers au Canada (exportations) 26 126 28 322 30 971 34 838 17 229
Dépenses des Canadiens à l'étranger (importations) 38 098 39 522 39 308 41 073 14 654

Graphique illustrant entre autres la baisse de 64 % des dépenses des Canadiens à l'étranger entre 2019 et 2020.

Source: Statistique Canada, tableau 36-10-0004-01


Le solde sur les dépenses de voyages à titre personnelNote de bas de page 1 s’est amélioré de 8,8 milliards de dollars en 2020 par rapport à 2019. Et nous sommes passés d’un déficit à un surplus. Bref, avec la pandémie, il y a moins d’argent qui rentrait au Canada, mais il y en a encore moins qui en sortait!

Voici ce qui s’est produit. Entre 2019 et 2020, les exportations (les dépenses des étrangers au Canada) ont chuté de 51 %, passant de 34,8 à 17,2 milliards de dollars tandis que les importations (les dépenses des Canadiens à l’étranger) ont chuté de 64 %, passant de 41,1 à 14,7 milliards de dollars.

Ces statistiques sont impressionnantes, mais cela ne permet pas de prendre la pleine mesure de l’effet de la fermeture des frontières sur le tourisme international puisque ces chiffres incluent les dépenses liées à l’éducation et aux soins de santé.

Graphique illustrant notamment la chute de 89 % de la composante « autres voyages personnels » des dépenses des voyageurs étrangers au Canada entre 2019 et 2020.
Version textuelle
Dépenses des étrangers au Canada entre 2016 et 2020
en milliards de dollars 2016 2017 2018 2019 2020
Soins de santé 163 169 176 182 30
Éducation 9 027 10 371 12 457 16 108 15 230
Autres voyages à titre personnel 16 936 782 18 338 18 548 1 969

Graphique illustrant notamment la chute de 89 % de la composante « autres voyages personnels » des dépenses des voyageurs étrangers au Canada entre 2019 et 2020.

Source: Statistique Canada, tableau 36-10-0004-01

 
Graphique illustrant entre autres la baisse de 69 % de la composante « autres voyages personnels » des dépenses des Canadiens à l'étranger entre 2019 et 2020.
Version textuelle
Dépenses des Canadiens à l'étranger entre 2016 et 2020
en milliards de dollars 2016 2017 2018 2019 2020
Soins de santé 680 690 690 690 211
Éducation 3 324 3 453 3 591 3 734 3 178
Autres voyages à titre personnel 34 094 35 379 35 027 36 649 11 265

Graphique illustrant entre autres la baisse de 69 % de la composante « autres voyages personnels » des dépenses des Canadiens à l'étranger entre 2019 et 2020.

Source: Statistique Canada, tableau 36-10-0004-01

 

Si l’on considère les voyages à titre personnel excluant ceux liés aux soins de santé ou aux études, les dépenses des étrangers au Canada ont chuté de 89 % (de 18,5 à 2,0 milliards de dollars), pendant que les dépenses des Canadiens à l’étranger ont diminué de 69 % (36,6 à 11,3 milliards de dollars).

Évidemment, la baisse des importations a été moindre que celles des exportations : ce qui est normal puisque les étrangers ne pouvaient pas entrer au Canada tandis que les Canadiens, eux, le pouvaient. Le déficit est tout de même passé de 18,1 à 9,3 milliards de dollars. On observe toujours un déficit, mais deux fois moindre.

Si globalement le Canada a dégagé un surplus en 2020, c’est grâce aux étudiants (surplus de 12,1 milliards de dollars) : plus d’étudiants étrangers viennent étudier au Canada que le contraire. Et les chiffres sont demeurés relativement stables entre 2019 et 2020, tout comme le surplus.

Graphique illustrant la réduction de moitié du déficit de la composante "autres voyages personnels" et un surplus stable pour la composante "éducation" de 2019 à 2020.
Version textuelle
Solde (exportations - importations) des voyages à titre personnel au Canada entre 2016 et 2020
en milliards de dollars 2016 2017 2018 2019 2020
Soins de santé -517 -521 -514 -508 -181
Éducation 5 703 6 918 8 867 12 374 12 052
Autres voyages à titre personnel -17 158 -17 597 -16 689 -18 101 -9 296

Graphique illustrant la réduction de moitié du déficit de la composante "autres voyages personnels" et un surplus stable pour la composante "éducation" de 2019 à 2020.

Source: Statistique Canada, tableau 36-10-0004-01

 

Au final, tout type de voyage à titre personnel confondu, nous sommes passés d’un déficit de 6,2 milliards de dollars à un surplus de 2,6 milliards de dollars. Ce qui a généré 8,8 milliards de dollars de plus dans l’économie canadienne en 2020.

Toutefois, cette manne ne nourrit pas seulement l’industrie touristique canadienne. Il est peu probable que ces 8,8 milliards de dollars aient été consacrés dans leur entièreté au tourisme « local ». Une autre partie est probablement allée « ailleurs » : ailleurs en termes d’industrie (des gens se sont acheté une piscine avec l’argent normalement prévu pour leur voyage dans le Sud) et ailleurs en termes géographiques (les touristes locaux sont allés là où ils voulaient aller, et non pas là où les touristes internationaux manquaient). À cet égard, on devine que les touristes québécois n’ont pas nécessairement les mêmes préférences que les touristes étrangers (lieux, attraits, etc.). Montréal est un bon exemple : prisée par les touristes étrangers, mais boudée par les Québécois.

Bref, de l’argent, il y en a! Plus qu’avant même. Mais il n’est pas nécessairement dépensé dans les mêmes industries ou dans les mêmes régions qu’avant — d’où les grandes disparités régionales au plan de la reprise du secteur touristique.

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