Combattre l’inflation grâce au développement économique
Direction de l'intelligence économique
La forte hausse de l’inflation, un peu partout dans le monde, est due à une combinaison de plusieurs chocs économiques. Les problèmes d’approvisionnement causés par la COVID-19, les changements climatiques, les catastrophes naturelles, la rareté de la main-d’œuvre et les tensions géopolitiques ont diminué l’offre mondiale de plusieurs produits et services.
En même temps, la croissance démographique mondiale, la montée de la richesse en Asie, les plans d’aide économique liés à la pandémie et l’accès facile au crédit, surtout en Amérique du Nord, ont fait bondir la demande mondiale. Et ce n’est pas fini. En 2030, près trois milliards de personnes auront un niveau de consommation comparable aux 750 millions de personnes qui consommaient le plus pendant les années 2000, soit les Occidentaux.
Jouer un rôle clé
Alors que le resserrement monétaire exerce une pression à la baisse sur la demande, le développement économique pourrait jouer un rôle clé dans la lutte à l’inflation en augmentant l’offre de manière productive. Le développement économique peut également agir sur d’autres facteurs qui font monter les prix, comme les changements climatiques et la perturbation des chaînes mondiales d’approvisionnement.
Hausser la production alimentaire
Bien avant la pandémie, des experts se demandaient si l’offre mondiale pourrait répondre à une demande croissante, notamment dans le secteur de l’alimentation. Augmenter l’offre alimentaire locale, un peu partout dans le monde, hausserait l’offre globale mondiale tout en rendant l’approvisionnement plus résilient.
Au Québec, on pourrait notamment développer davantage l’agriculture urbaine, comme dans le cas des Fermes Lufa à Montréal, et l’agriculture en milieu contrôlé en serre, comme dans le cas du projet Ferme d’hiver.
Augmenter la production et la productivité
L’amélioration de la productivité constitue une autre solution. Le virage numérique 4.0 et l’automatisation aident à réduire les besoins de main-d’œuvre et les coûts de production. Des exportateurs européens du domaine de la transformation alimentaire ont d’ailleurs une longueur d’avance à ce chapitre. Ils exportent au Canada des produits de qualité comparable aux produits locaux, à meilleur prix. Ils tirent ainsi pleinement profit de l’Accord économique et commercial global (AECG).
Lorsque les effets du resserrement monétaire se seront fait sentir, une pression à la hausse sur les prix pourrait subsister en raison de la rareté de la main-d’œuvre. Ici encore, le développement économique peut faciliter l’attraction et la rétention des employés.
Réorganiser les chaînes d’approvisionnement
Le développement économique peut aussi permettre aux entreprises de rendre leurs chaînes d’approvisionnement plus résilientes. Un processus long et coûteux! Dans certains cas, il faut adopter de nouveaux modèles d’affaires : intégrer des PME locales dans des boucles d’approvisionnement régionales, rapprocher les activités de production des marchés de consommation, abandonner les chaines à flux tendu (juste à temps), etc.
Malgré le resserrement monétaire, l’inflation sera à la hausse tant que l’offre mondiale ne répondra pas à une demande croissante. Pour ce faire, il faut solidifier les chaînes d’approvisionnement et augmenter la production et la productivité. Dans ce contexte, les mesures d’appui au développement économique bien ciblées constituent une solution complémentaire pour maîtriser l’inflation.